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Articles: La mort programmée de la paysannerie française


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 Titre: La mort programmée de la paysannerie française
 Ecrit par: Jean-Marie Thiébaud

  La mort programmée de la paysannerie française

Par le docteur Jean-Marie Thiébaud

L’extinction de la classe paysanne est proche.
En 1700, sur 19 millions d’habitants que comptait alors la France, 16,1 millions soit 83 pour cent étaient des ruraux. En 1801, sur 27,5 millions d’habitants, ils ne représentaient déjà plus que 77% de ma population soit 21,2 millions. Mais c’est l’industrialisation à outrance du XIXe siècle qui aboutira en 1901 a un rapport de 23 millions de ruraux sur une population totale de 38,9 millions, soit 59%. L’hémorragie démographique rurale devenait évidente. Elle se cessera de s’aggraver : en 1968, sur 49,8 millions d’habitants, la France que comprit plus que 17,2 millions de paysans, soit 35%. Mais plus de 17 millions répartis dans plus de 30 000 communes étaient encore un chiffre avec lequel il fallait compter, notamment sur le plan électoral. De 1946 à 1968, la population rurale a néanmoins chuté de 3% par an.
De 2000 à 2010, le nombre d’exploitants agricoles a chuté de 26% et on compte aujourd’hui 604 000 chefs d’exploitations et co-exploitants agricoles (dont 27% de femmes), ce qui représente 514 800 exploitations agricoles, le nombre d’exploitants ayant diminué de 21% durant la même décennie 2000-2010.
Il est à présent loin le temps où nos présidents et nos ministres allaient conforter leur avance électorale dans les comices et au Salon de l'Agriculture les politiques peuvent à présent laisser mourir cette classe sociale en voie inéluctable d’extinction. Les courageux qui tentent de survivre ne peuvent le faire que sous le joug des autorités européennes qui sont encore aggravées par les règlements et les normes imposées par leur propre pays. Le rêve des technocrates est de voir disparaitre les paysans qui semblant venir d’un temps qui n’aurait plus sa place dans la société actuelle. Leur rêve, ce sont de vastes exploitations tenues par quelque 100 000 paysans possédant des terres 4 a 5 fois plus étendues que celles des exploitations que nous connaissons, un élevage quasi entièrement automatise, de la naissance des veaux aux steaks haches dans les grandes surfaces avec des cheptels de 5 a 10 000 têtes par exploitation, histoire de "rentabiliser" toujours davantage (comme dans tous les autres secteurs de l'économie qui ne possèdent plus qu’une seule divinité à vénérer, la RENTABILITÉ, l’ARGENT) et donc d’abaisser encore davantage le prix du kilo de viande pour que les intermédiaires et les grandes surfaces consolident et même augmentent toujours plusieurs bénéfices nets pour la plus grande joie des banquiers, des agioteurs, de fonctionnaires de Bruxelles et d’ailleurs et des actionnaires. On ne tolérera encore quelques paysans que s’ils sont rentables. Pas rentables pour eux et leurs familles, mais pour des nantis qui savent s'enrichir sans se salir les mains. Et tant pis, si tous les jours les faillites et les foires franches se succèdent et tant pis si on retrouve de plus en plus de paysans ruinés et couverts de dettes pendus aux poutres de leurs granges.
Certains ont compris que le pouvoir ne respecte que la force. Avant, cette force, les paysans la puisaient dans leur poids électoral qu’il était indispensable de prendre en compte (surtout, d’ailleurs, pour les sénateurs qui ont empêché l’évolution de la société française en prônant un "non" massif au referendum voulu par le général de Gaulle). Aujourd’hui, les bulletins de vote sont remplacés par le nombre de chevaux-vapeur des tracteurs et leur puissance qui peuvent bloquer les routes. Il semble que les paysans français (du moins une partie d’entre eux, les autres étant appelés à se faire massacrer plus tard en se croyant encore protègent alors qu’il ne s’agit que d’un sursis à exécution), l’abattage étant froidement programmé tranche par tranche pour ne pas déclencher une insurrection générale sur l’ensemble du territoire ; vieille tactique bien connue depuis l’époque romaine, celle des Horace et des Curiaces) Oui, les paysans acculés ont compris que, n’ayant plus rien a perdre, ils livrent maintenant leur ultime combat dans lequel il leur faudra vaincre ou périr.




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