Titre: L'amphisbène, création héraldique |
Ecrit par: Jean-Marie Thiébaud |
L'AMPHISBÈNE Symbole de la victoire du bien sur le mal, l'amphisbène (du grec « amphisbaina » de « bainein », marcher, donc littéralement « qui marche des deux bouts »), mi-reptile, mi-volatile, animal fabuleux doté de deux têtes, toutes deux susceptibles de mordre, une à l'avant et l'autre à l'arrière de l'animal, était déjà présent dans la mythologie grecque et romaine. On croyait qu'à tour de rôle une tête dormait pendant que l'autre veillait. La symbolique médiévale d'inspiration chrétienne reprit à son compte cette dualité et, dans le bestiaire des armoiries, on peut voir ce monstre hybride, dessiné en forme de deux ou de huit inachevé avec une partie antérieure, tournée à dextre et vers le chef, représentée étincelante en émail noble et lumineux, un métal (or ou argent), tandis que la partie postérieure, représentant le mal était de sable (de couleur noire), orientée à senestre et vers le pointe. L'amphisbène pouvait aussi être unicolore. Il était alors souvent de gueules. La partie antérieure, lumineuse, était ailée tandis que la partie postérieure, obscure, se devait d'être membrée pour marquer une fois encore l'opposition de l'ange et de la bête, la possibilité pour l'une de s'élever et l'obligation pour l'autre de rester ancrée dans le sol. La Grande Encyclopédie de Diderot nous apprend que lorsqu'on trouva en 1646 le tombeau de Childéric II lors de travaux effectués dans l'église de Saint-Germain-des-Prés, on découvrit que cette sépulture était ornée de quantité de figures de ce serpent à deux têtes qui était sans doute le symbole de ce souverain. On trouve des amphisbènes sur de nombreux monuments médiévaux et notamment sur la corniche de l'église de Chambonas en Ardèche ou le linteau de l'église Saint Jean-Baptiste de Sia en Corse. Jean-Marie Thiébaud in L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, Icc, Paris, juillet-août 2009, p. 767-768. |