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Articles: Le couvent et le séminaire de Consolation (Doubs)


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 Titre: Le couvent et le séminaire de Consolation (Doubs)
 Ecrit par: Jean-Marie Thiébaud

  

Le couvent et le séminaire de Consolation (Doubs)
Histoire du Moyen Âge à nos jours et liste des dix premiers supérieurs du séminaire (1833-1906)

par le docteur Jean-Marie Thiébaud

Le cirque naturel de Consolation1 culmine à 870 mètres d'altitude au sud du territoire communal. Dans un double hémicycle grandiose où prennent naissance la rivière du Dessoubre et ses affluents, le Lançot, le Tabourot et la Source Noire, plusieurs grottes sont creusées sur les flancs de la roche. Sur le rebord de la falaise, le belvédère de la Roche du Prêtre offre une vue impressionnante sur la vallée du Dessoubre et le parc de l'ancien monastère qu'il surplombe de plus de 350 mètres.
Véritable décor semblant sorti tout droit d'un roman d'heroic fantasy, Consolation, terre de légendes, se prête avec un rare bonheur à des promenades romantiques et sportives pour amateurs de grottes et de cascades à découvrir dans un abondant fouillis de verdure qu'on sait habité par les hommes depuis l'âge du bronze et à l'âge du fer I et II. Pour tous les nostalgiques de la collection « Signe de Piste », Consolation permet de se réinventer une âme adolescente de boy-scout en quête d'aventures. Le cadre constitue également un lieu rêvé pour ceux qui veulent se plonger, hors du temps, dans les forces primitives de la nature ou pour d'autres en recherche du spirituel, loin du vacarme du monde dit civilisé. Il ne faut donc pas s'étonner que, depuis le Moyen Âge, un site aussi exceptionnel ait attiré ceux qui désiraient prier.
Succédant à un oratoire construit en 1432-1433 (reconstruit au 16e siècle), le monastère des minimes de Consolation a été construit en 1670, avec les pierres de l'ancien château de Châtelneuf-en-Vennes, par Marie Henriette de Cusance et de Vergy, veuve de Ferdinand François Just (dit François) de Rye, marquis de Varambon, décédé à Besançon (Doubs) le 5 août 1657, fils de Christophe de Rye, marquis de Varambon, et de sa seconde épouse, Christine Claire d'Haraucourt. L'église néo-romane du couvent abrite toujours le tombeau monumental de ce personnage. Il est composé d'un socle de marbre noir sur lequel quatre lionceaux de marbre blanc soutiennent une table de marbre rouge : celle-ci supporte un socle de marbre noir à doucine très prononcé, sous un retable accosté de gaines de marbre blanc surmontées de têtes de femmes sculptées. Au sommet du monument, un génie à demi-nu porte un cartouche aux armes des Rye : une aigle éployée (d'azur à l'aigle d'or) tandis qu'on peut lire cette inscription : « Apprends, Bourgogne, combien de héros tu as perdus en un seul, combien de flambeaux tu as vus s'éteindre qui brillaient pour toi - Apprends, voyageur, à quoi tiennent les plus magnifiques choses qui disparaissent à jamais en un moment ». Ce mausolée, restauré par les soins de l'abbé Delœuvre, supérieur du séminaire, a été classé monument historique le 29 janvier 1910. Il a été exécuté en 1670 à la demande de Marie-Henriette de Cusance et de Vergy2, veuve du marquis et sœur de la célèbre Béatrix de Cusance, dame de Belvoir. Un des anges en marbre de ce tombeau monumental a été volé en 2001.
Le couvent des minimes, qui ne comptait plus que quatre religieux, a été vendu comme bien national pendant la Révolution et l'église désaffectée devint un magasin à fourrage après qu'on eût violé la tombe du marquis de Varambon et martelé des armoiries de son monument funéraire.
Lorsque Louis François Auguste de Rohan-Chabot (né à Paris le 29.02.1788, † à Besançon le 08.02.1833), prince de Léon, archevêque de Besançon, obtint son chapeau de cardinal (grâce à une demande adressée au pape par Charles X), Consolation avait déjà été acheté par l'archevêché mais c'est son successeur, quelques mois plus tard, qui le transforma en séminaire.
Le séminaire de Consolation (appelé familièrement « Conso » surtout par les anciens élèves) ouvrit ses portes en 1833. Mgr Louis-Guillaume-Valentin Dubourg (né à Cap-Français (Saint-Domingue) le 10.01.1766, † à Besançon le 12.12.1833), archevêque de Besançon, avait simultanément supprimé les écoles ecclésiastiques d'Ornans et de Belvoir (cette dernière ayant jusqu'alors fonctionné dans l'enceinte du château et accueilli, parmi ses élèves, le futur académicien Xavier Marmier). Ces deux écoles avaient été transférées et réunies pour former le petit séminaire de Consolation.
Fermé en 1906 après une diminution du nombre d'élèves, dont tous ne se destinaient pas à la prêtrise (80 pensionnaires contre 150 dans les années 1860-1880) et transféré à Ornans, sous la direction de l'abbé Bobinet, puis à Maîche en 1910 (les locaux d'Ornans ayant été confisqués par la République pour être donnés à l'école Perrenot de Granvelle), le séminaire de Consolation fut à nouveau en activité dès 1920 pour 168 séminaristes sous la direction du chanoine Paul Rognon. Il ferma définitivement en 1978 après avoir commencé à former plus de 600 prêtres de 1833 à 1906 et environ 300 prêtres et missionnaires de 1920 à 1978.
Ses murs permirent d'installation d'hôpitaux provisoires de campagne en septembre-octobre 1944.
De nos jours, les bâtiments du séminaire de Consolation abritent une importante collection d'oiseaux naturalisés.
La Fondation du Val de Consolation, organisatrice de réunions religieuses et de manifestations culturelles, a pris le relais du séminaire. Cette fondation a été reconnue d'utilité publique par décret ministériel du 2 mai 1978.

Liste des directeurs

1833-1835 : Chanoine François Girardot
1835-1837 : Abbé Alexandre Liquet
1837-1841 : Abbé Antoine Boisson
1841-1848 : Abbé Amédée Bontront
1848-1854 : Abbé Henry de Vaulchier du Deschaux3
1854-1857 : Abbé Jean-Baptiste Bourgoin, ancien professeur à la maîtrise de la cathédrale de Besançon
1857-1887 : Chanoine Joseph Delœuvre, restaurateur du mausolée de Ferdinand François Just de Rye, marquis de Varambon
1887-1901 : Abbé Ernest Monnier
1901-1903 : Abbé Charles Huot-Marchand
1903-1906 : Abbé Joseph Vitte


1 Commune de Consolation-Maisonnettes (Doubs) depuis le 17 mars 1910.
2 Après une année de veuvage, Marie-Henriette de Cusance et de Vergy épousa, en secondes noces, le prince Charles Eugène d'Aremberg, gouverneur de Franche-Comté.
3 Henri de Vaulchier du Deschaux (en religion Dom Louis Joseph), né à Damerey (Saône-et-Loire) le 23 mars 1819 (fils de Louis René Simon, 3e marquis de Vaulchier du Deschaux, et de Céleste Guilhelmine Gasparine Millot de Montjustin, ordonné prêtre en 1842, vicaire pendant une courte période à la cathédrale de Besançon (25) puis à Arbois (39) avant d'être nommé directeur du petit séminaire de Consolation (2). Après un voyage en Terre Sainte (1855-1856) et un autre en Italie, il devint curé de Dole (39) en 1857 puis prieur de la chartreuse de Valbonne après avoir reçu successivement les titre de chanoine honoraire et de vicaire général honoraire. Procureur général de son ordre, il refusa l'évêché de Grenoble (38). Il mourut dans le canton de Fribourg (Suisse) au monastère de la Valsainte le 24.03.1911 dans sa 93e année. On lui doit une « Histoire de France jusqu'au XVIe siècle », malheureusement restée à l'état de manuscrit (Jean-Marie Thiébaud, Les Marquis en Franche-Comté, p. 181).




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