Titre: Anthroponymie : le forgeron |
Ecrit par: Jean-Marie Thiébaud |
Anthroponymie : le forgeron par Jean-Marie Thiébaud Le métier de forgeron est celui qui a donné le plus grand nombre de patronymes tirés d'un nom de métier, sans doute à cause du rôle primordial qu'il jouait au sein des communautés humaines. Dans un village, le forgeron était l'un des principaux artisans et parfois le seul. Maître du fer et du feu, on conçoit aisément que sa profession lui ait souvent servi de nom de famille ou se soit, dès le Moyen Âge, substitué à lui. En France, les patronymes issus de cette profession sont légion et varient selon les régions : Fèvre, Lefèvre, Lefebvre, Lefebure, Faivre, Le Faivre, Favre, Fabre et la variante graphique Fabbre), Fabresse (matronyme), Faur, Faure, Fauré, Febry, Fabri, Fabbri, Fabry, Faury (ces cinq derniers patronymes étant des formes latinisées), Feubre (Poitou), etc. sans oublier Le Feuve et Le Feuvre (rencontrés en Bretagne) ni les diminutifs et hypocoristiques Faivret, Fauret, Favrel (forme archaïque), Favret, Favrey (Est de la France), Faveret, Faverot, Favrot, Favreau, Favereau, Febvret, Fevrat, Fevret, Faurel, Fauret, Faurial, Fauriat, Fauriel, Faurisson, Faurissou, Fauron, Faurot, Faurou, Faurou, Fauroux, Favrin, Favron, etc. En Espagne et dans les pays d'Amérique latine, Herrero, Herrera En Catalogne, Ferré, Farré, Farrer, Ferrer Au Portugal et au Brésil, Ferreiro, Ferreira En Italie, Fabri, Fabbri, Ferrari En Allemagne et dans les pays de langue germanique, Schmid, Schmidt, Schmied, Schmit, Schmitt, Schmitz (forme génitive traduisant la notion « fils de ») et les diminutifs Schmidlin, Schmitlein, Schmittlein, Schmitlin En Arménie, Demirdjian En Grande-Bretagne et dans les pays anglophones, Smith et quantité de dérivés, Smyth, Smither, sans oublier Smithson et Smythson (« fils » de Smith) En Russie, Kouznetsov (de kouznets, le forgeron) et les dérivés Kuznits, Kuznitz, Kuznitski, Kuznicki qu'on retrouve aussi surtout en Pologne. Aux Pays-Bas et en Belgique, Smid, De Smidt, De Smit, De Smet, De Smedt, etc., « De » étant l'équivalent de l'article français « le »). En Pologne, Kowal, Kovalski, Kowalski, Kovalevski, Kowalevski et autres variantes graphiques. En Hongrie, Kovach, Kovacs, Kovats En Slovaquie et en République tchèque, Kovac, Kovaci, Koval, Kovar. On retrouve Kovac, Kovic, Kovacevic en serbo-croate. En Lituanie, Kalvaitis En Ukraine, Kovalenko, Kovaltchouk (tirés du mot koval') En Finlande, Seppänen En Roumanie, Fieraru En Turquie, Demirci En Bretagne, Le Gof, Le Goff, Le Goffic (et Le Goïc, considéré comme un diminutif) En Gascogne, Haure (et le diminutif Hauret), Hargou, Hargous, Laforge, Laforgue, Lahargou, Lahargue, Lahorgue, mais aussi Izarn (du gaulois izarnos, le fer). En arabe, Addah qui a donné un patronyme porté par des familles juives Chez les Gitans, Tcheraru, Tcherari, ce nom étant d'ailleurs porté par le baron des tziganes de Moldavie. En Afrique, forgeron se dit teugg en ouolof, baïlo en peulh, Noumou en bambara (et en mandingue), ogoun, etc. Ces mots ne semblent pas avoir donné de patronymes mais on les retrouve assez fréquemment dans des prénoms. Ogun, par exemple, apparaît comme suffixe dans le prénom Olegosun du président Obasanjo du Nigéria. Baïlo Diallo est le ministre de la Défense de Guinée en 2007. Noumou est utilisé comme prénom au Libéria, etc. Au Sénégal, Thiam (nom de famille très répandu). Au Mali, tous les forgerons portent le patronyme Dombia, des clans familiaux se spécialisant dans telle ou telle profession. En bambara, forgeron de dit numu (prononcer noumou). Noumou se retrouve en prénom dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest où on parle cette langue. En dioula, le forgeron se dit Siaki qu'on retrouve fréquemment en patronyme. 3 juin 2007 |